
Présentation
Dans la foulée de sa guerre des Gaules, César se retrouva vite confronté aux conséquences de l’éclatement de ce triumvirat qu’il avait formé avec Marcus Crassus, mort deux ans auparavant, et Pompée le Grand.
La guerre civile, fréquente dans l’histoire récente de la République, allait reprendre de plus belle, conduisant notre Jules jusqu’à cette Égypte Ptolémaïque où l’attendait de belles conquêtes, dans tous les domaines. Mais tout cela n’est que le début d’une épopée faites d’alliances scellées par des mariages et de trahisons conduisant à des batailles sur terre comme sur mer. Aux côtés puis à la suite de César, Marc Antoine, Cléopâtre et Octavien tissent une implacable trame dont l’issue verra l’ultime survivant transformer la République à tout jamais…
A l’époque, c’est surtout Pompée qui avait spolié Crassus des Lauriers de la victoire sur l’armée d’esclavesdu pauvre Spartacus…
Les optimates (conservateurs), dont le principal représentant fut Sulla, et les populares (populistes) de Marius, Cinna ou encore Catilina, étaient deux “partis” (même si le terme n’est pas vraiment approprié à la vie politique romaine) qui se sont affrontés pendant des décennies… Avec à sa naissance les fameux Gracques, deux frères descendant de Scipion l’africain en faveur notamment d’une profonde réforme agraire, la mouvance des populares est celle au sein de laquelle Jules César fit son ascension politique.
Ce crâne de Crassus servit parait-il d’accessoire lors d’une représentation théâtrale donnée en l’honneur du roi des Parthes.
Tableau de Jacques-Louis David de 1812, visible au musée du Louvre.
Antoine, comme beaucoup de jeunes romains fortunés, est allé en Grèce très tôt pour compléter ses “études” en matière d’Art, d’éloquence et de philosophie.
Voici un petit article très intéressant qui va vous permettre de remettre en perspective la vie sexuelle des romains ! : http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2012/01/23/chez-les-romains-le-comble-du-plaisir-est-dans-le-baiser-pas-dans-le-penis-228572
Avant les grands travaux d’Auguste et des empereurs suivants, notamment Néron après le grand incendie de l’été 64, Rome n’était pas la cité de marbre que l’on s’imagine. Loin de là !…
C’est en particulier en Judée que les prouesses militaires du jeune Antoine furent remarquées.
Notons au passage que Cléopâtre est le nom que portait à l’origine la soeur d’Alexandre le Grand, d’où son importance dans toutes les familleS des Diadoques, et en particulier chez les lagides.
Propos illustré avec la fameuse pierre de Rosette, inscrivant dans le granit en écriture hiéroglyphique, démotique et grecque un décret promulgué par le pharaon Ptolémée V en 196 avant J.-C., et qui permettra des siècles plus tard de déchiffrer l’ensemble des hiéroglyphes.
En l’absence de César, Antoine à multiplié les frasques, s’attirant de nombreuses critiques. On a même pu le voir traverser la ville, grimé en Dionysos, à bord d’un char tiré par des lions. Probablement bourré comme un coin. Proche de ses hommes, redoutable guerrier, Antoine était, en particulier à l’époque, plus à sa place en militaire sur un champ de bataille qu’en politique à la tête de la cité.
Ah mince, c’est ballot : on aura raté cette occasion d’enfin savoir qui était la mère de Cléopâtre et de qu’elle origine elle était… Si des analyses récentes des restes de sa soeur Arsinoé montrent une part (très métissée, cf. note à 7’40”) africaine (probablement nubienne), il n’est pas du tout sûr que les soeurs (ou en l’occurrence demi-soeur) partagent la même mère (tout comme pour Ptolémée XIII et XIV). Deux théories dominent quand à l’origine ethnique de cette mère inconnue : soit celle d’une macédonienne (ou plus largement grecque) comme la grande majorité des concubines et courtisanes de la cours à Alexandrie, soit une origine du côté des plateaux de Judée…
Cette image est le résultat de la tentative de reconstruction faciale d’Arsinoé, la soeur (ou demi-soeur) de Cléopâtre, réalisé en 2009 à partir de ce qui pourrait être ses restes.
Peinture de Jean-Léon Gérôme, 1866.
Ces deux sceptres sont à la fois les attributs d’Osiris (souverain de l’au-delà) et du pharaon (souverain terrestre) dans les cérémonies officielles. Ces deux sceptres sont surtout connus pour leur représentation sur le sarcophage de Toutenkhamon. Le sceptre dans la main droite est le fouet, appelé flagellum et celui dans la main gauche, en forme de crochet, est appelé heka, il rappellerait le bâton de berger ancestral qui servait à rattraper le bétail par les pattes. Notre Cléopâtre tient bien le flagellum à droite et le heka à gauche, mais sur le sarcophage de Toutenkhamon, celui-ci croise les mains au niveau des poignets puis recroise les sceptres au-dessus, ce qui ramène chaque symbole du côté de la main qui le tient. Ici, Cléo, pour amener plus vite les sceptres au niveau du visage, se contente de les croiser une seule fois, mettant le flagellum à gauche et le heka à droite…
Il y a débat sur la date de naissance de Césarion. Soit il fut conçu lors du séjour de César à Alexandrie, ce qui l’aurait fait naître pendant l’année 47 (en juin comme semble l’indiquer une stèle), soit il serait né à-peu-près autour de la date de l’assassinat de César, en 44. Le problème est que s’il était né juste après mars 44, sa conception remonterait à une période où César n’était pas à Rome mais en campagne en Hispanie. Dès lors la paternité de Jules aurait été facile à réfuter et Octavien n’aurait certainement pas pris autant ombrage de l’existence de ce fils naturel du grand César. C’est semble-t-il une intox d’Octavien, devenu Auguste, que de jeter le doute sur les origines du premier né de Cléopâtre. La plupart des auteurs penchent vers une naissance autour de 47. L’enfant avait donc 3 ans lors du séjour de Cléopâtre à Rome et César eu l’occasion de le voir et de le côtoyer pendant les mois précédant son assassinat.
En effet ils étaient voisins dans ce quartier “bobo” des Carènes, de l’autre côté du Tibre. Elle dans la villa avec jardin que lui avait dégoté César, et Antoine dans cette grande villa anciennement à Pompée et qu’il s’était (illégalement) attribué après la mort du proprio alors qu’il dirigeait Rome pour le compte de César. Sextus, dont Octave rappelle d’ailleurs à 22’36” qu’Antoine lui “avait piqué la baraque dont il devait hériter”, avait appelé le navire amiral de sa flotte “Mes Carènes” en souvenir de cette propriété.
Le passage de cette comète fut également relaté par des observateurs chinois.
Il y a beaucoup à raconter sur cette sanglante proscription… En particulier au sujet de la femme d’Antoine, Fulvia, et comment elle exigea que lui soit remise la tête de Cicéron, responsable du décès de son premier mari (jetez donc un oeil à cette peinture de Pavel Svedomsky, ça vaut le coup ! https://fr.wikipedia.org/wiki/Fulvie#/media/File:Svedomsky-Fulvia.jpg). Cette même Fulvia fit pendre à sa porte un homme qui avait refusé de lui vendre une villa peu de temps avant. Et que dire de ce type, inscrit sur les affiches et donc se sachant condamné à plus ou moins long terme, qui organisa un grand banquet avec tous ses amis, annonçant qu’à minuit il se suiciderai et ordonnant aux convives de continuer à festoyer jusqu’au petit matin autour de son cadavre. Ce qui se produisit… Au final c’est selon les sources entre 130, 300 et jusqu’à (selon Appien un siècle plus tard) 2000 sénateurs et chevaliers qui furent ainsi éliminés.
Peinture de Lawrence Alma-Tadema, 1885.
Peinture de Charles Joseph Natoire, 1754. Il existe différentes versions de cette même scène par le même auteur…
Ratant dans son geste les organes vitaux, Antoine mis de longues heures à mourir. Lorsqu’on lui apprit que Cléopâtre était en fait toujours vivante, il demanda à être amené auprès d’elle, et comme celle-ci s’était retranchée dans un palais barricadé en vue de l’arrivée d’Octavien, il fallut le isser avec un système à poulie jusqu’à une fenêtre au premier étage pour qu’il rejoigne sa reine. Émouvante variation sur la scène du balcon ! Dans les bras de Cléopâtre, il demanda à boire, ce qui dans les cas de blessure au ventre est souvent fatal. Ce fut le cas…
Que Cléopâtre ai mis fin à ses jours, en compagnie de ses deux suivantes Charmion et Iras, cela ne fait aucun doute. La question du comment reste posée… Là, vous pouvez voir que le coup du serpent, ça ne marche pas vraiment. Déjà, il faut bien voir que le terme “Aspic” est à l’époque un terme générique qui recouvre tous les reptiles. Si elle avait utilisé un serpent, en Egypte ça aurait été soit une vipère des sables, soit un cobra. L’envenimation de la vipère est très douloureuse et provoque des gonflements, ce qui n’a pas été observé sur les corps de Cléopâtre Charmion et Iras. Reste le cobra, qui provoque une mort plus soft. Toutefois non seulement un seul serpent n’a pas assez de venin pour tuer trois personnes mais en plus ça prend plusieurs heures alors que Cléopâtre et ses suivantes sont mortes en 1/2 heure max… Donc ça se serait fait avec du poison (probablement élaboré à partir du venin d’un cobra royal), et en intraveineuse (avalé, ce type de poison traverse le système digestif sans beaucoup d’effets. De plus, elles avaient des marques sur les bras. Par ailleurs aucun reptile n’a jamais été retrouvé sur la scène)…Voici un article écrit par un spécialiste de l’envenimation ophidienne qui vous en dira plus : http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2009x043x004/HSMx2009x043x004x0369.pdf
Le crocodile (et le palmier) symbolisent l’Egypte. Représenter ce crocodile avec une chaîne autour du cou marque la soumission de l’Egypte. C’est par ailleurs le symbole de la ville de Nîmes, qui aurait été fondée par des vétérans d’Actium. D’abord représenté sur des pièces de monnaie, ce crocodile enchaîné devint le symbole officiel de la ville sous François Ier.
Caius ou Gaius ? La distinction entre les lettres C et G étant tardive en latin, les deux orthographes sont donc valables. L’emploi varie selon les périodes et les auteurs, mais l’usage semble privilégier de plus en plus “Caius”.
César : “Je n’ai jamais été empereur ; imperator, ça, oui.”
César fut le premier “imperator” à détenir ce titre de manière héréditaire, ce qui en fait de facto une sorte d’empereur. Toutefois le terme correspondant à ce que l’on appelle couramment “empereur de Rome” serait plutôt “Auguste” et “princeps”, et ce n’est qu’avec Octave, héritier de César, que ces titres furent attribués pour la première fois, à la suite de sa victoire sur Marc Antoine à Actium. Lorsque Octave rendit quelques années plus tard sa charge de consul, le sénat lui accordat alors un “imperium proconsulaire” supérieur à celui de tous les autres magistrats, à vie et en dehors de toute magistrature, faisant de lui un empereur au sens plein du terme. Si, dans les faits, César avait tout autant de pouvoir que ses successeurs, c’est bien Octave Auguste qui inscrivit définitivement son statut particulier dans le marbre de la République.
Le tableau est de Paul Jamin (1853-1903). “Le Brenn et sa part de butin” de 1893, représente bel et bien ce douloureux épisode pour les romains durant lequel les Sénons et leur chef, le Brennus ou Brenn, mirent à sac la ville. “Vae Victis”, malheur aux vaincus, aurait dit à cette occasion le terrible barbare, dont le véritable patronyme est inconnu, “Brenn” étant en fait un titre signifiant “Chef de guerre” en langue celte. Notons au passage que “Vercingétorix” aussi a une signification en langue celte, “Grand roi des guerriers”, ce qui fit se demander (notamment à Jules Michelet qui écrit “le vercingétorix”) s’il s’agissait là d’un nom ou d’un titre…
Vercingétorix : “En tout bien tout honneur”. S’il n’est pas totalement avéré que Vercingétorix ait pu être le “contubernalis” de César, il est très probable qu’en tant que noble arverne, et donc allié de Rome, il ait été amené à faire ses classes et à participer à plusieurs batailles au sein de l’armée romaine avant de prendre la tête de la rébellion. Quant au sous-entendu d’une liaison plus “intime” entre les deux futurs ennemis, celle-ci a bien été suggérée par certains auteurs, notamment au vu de la réputation de bisexualité de César, “mari de toutes les femmes et femme de tous les maris” selon les ragots rapportés par Suétone. Cette réputation remonte notamment à la place qu’aurait eue le jeune César auprès du roi de Bithynie, Nicomède IV lors de son séjour à la cour, et qui lui vaudra bien plus tard le surnom de “reine de Bithynie”.
César : “Avec triomphe, et tout et tout”.
Quand on parle de triomphe, il s’agit ici de la cérémonie romaine (triumphus en latin) à laquelle tout général victorieux a droit, et qui consiste à défiler dans les rues de Rome à la tête de ses troupes. Celui de César eut lieu près de six ans après la bataille d’Alésia, en -46, et l’on y exhiba Vercingétorix enchaîné derrière le char du vainqueur.
La version classique voudrait que le chef gaulois ait passé tout ce temps dans des geôles et qu’il fut en piteux état lors du triomphe, mais certains historiens pensent qu’il était plus dans les coutumes de montrer lors d’un triomphe le vaincu sous son meilleur jour et en pleine forme pour mieux valoriser la victoire. Vercingétorix aurait donc peut-être vécu ses dernières années non dans un cachot insalubre mais dans une belle villa, eu égard à sa noblesse.
Alors qu’il était de coutume d’exécuter le vaincu immédiatement à l’issue du triomphe, ce ne fut pas le cas de Vercingétorix. Il ne trouva la mort que plus tard, assassiné en détention, selon certains sous la pression du sénat et contre la volonté de César…
César : “Veni Vidi Vici” Alors, OUI, c’est vrai : “Vici” se prononce [wi-ki] et non [wi-si]… Latinistes distingués, ne nous jetez point de jurons ni d’ordures, mais considérez que nous avons ici opté pour la prononciation la plus couramment utilisée par le grand public ! Cette célèbre phrase de César aurait été prononcée quelques années après la guerre des Gaules, lors de son rapport au Sénat suite à sa victoire éclair sur Pharnace II, roi du Pont, près de Zéla en Asie mineure, en -47 av J-C. D’où la réflexion de César “Faudra que je la replace celle-là.”
Le tableau est de Lionel Royer (1852-1926). “Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César” de 1899. Le résistant gaulois arbore ici la classique moustache que le 19e siècle a irrémédiablement attachée au personnage.
Le costume de notre personnage de Dominus Bonus (fictif évidemment, mais ça vous l’aurez tous compris) se veut un hommage et un clin d’oeil au “Deux heures moins le quart avant Jésus Christ” de Jean Yanne ! Il est de fait assez éloigné de la véritable mode romaine de l’époque.
César : “Pourquoi vous me demandez ça ?” Voir la note 4’18 !
Notes Historiques
Casting
Caius Julius Caesar
Marcus Antonius
Cléopatre VII
Octavius
Agrippa
Charmion
Iras
Servus #1
Servus #2
Servus #3
Servus #4
Le chef de plateau
Photos des personnages :
Vercingétorix
Julia, fille de César
Manon Bril – “C’est une autre histoire”
Fulvia, 1ère épouse de Marc Antoine
Jeanne Raibaut
Octavia, sœur d’Octave
Fanny Huguet
Sources principales
“Antoine et Cléopâtre – La fin d’un rêve” de Paul M. Martin – éditions Complexe – 1995
“Cléopâtre – La déesse-reine” de Christian-Georges Schwentzel – éditions Biographie Payot – 2014
“Auguste, Maître du Monde – Actium, 2 septembre 31 av. J.C.” de Pierre Cosme – édition Tallandier – 2014





