La Première Croisade (1095 – 1099)

Présentation Notes Historiques Casting

Présentation :

Depuis que le monde romain est devenu chrétien, la ville de Jérusalem, aux confins de l’Empire, est le lieu de pèlerinage par excellence. Venus de tout le pourtour du bassin méditerranéen, ces pèlerins, au fil du temps, se pressent de plus en plus nombreux aux portes de la ville qui fut autrefois le théâtre de la Passion, et dont la basilique du Saint-Sépulcre (aussi appelée “de la Résurrection”), construite sous l’empereur Constantin et ses successeurs, marque l’emplacement.
Lorsque, venus de la péninsule arabique, les premiers musulmans font la conquête de la Terre Sainte, ils se retrouvent à la tête d’un immense territoire dont la population est très largement chrétienne. Jérusalem passe sous tutelle arabe en 637. Mais les pratiques religieuses, qu’elles soient chrétiennes ou juives, ne sont nullement empêchées, les musulmans reconnaissant en elles les ancêtres de leur foi nouvelle. Avec la prise de Jérusalem par les Chiites, une branche dissidente de l’Islam représentée par la dynastie des “Fatimide”, les choses se corsent : en 1009, leur calife, Al-Hakim bi-Amr Allah, fait détruire la basilique. La stupeur et l’incompréhension frappent le monde occidental et l’idée d’une intervention armée pour protéger les Lieux Saints commence à faire son chemin…
Les califes fatimides suivants, plus compréhensifs, font reconstruire la basilique et rouvrent les lieux aux pèlerins, en échange du versement d’un droit de passage. L’engouement pour le pèlerinage reprend, et les pèlerins partent toujours plus nombreux sur les routes… C’est alors que les Seldjoukides, cavaliers des steppes récemment convertis à l’Islam, envahissent la région et instaurent une politique nettement plus répressive, coupant la route à tout individu désireux de traverser leur territoire fraîchement acquis…
Tout était en place pour la proclamation d’une nouvelle forme de pèlerinage, portant les armes au service de la foi…

Notes Historiques :

0’30” – Tableau “Victoire de l’Empereur d’Orient Héraclius”

Ce premier visuel représente la victoire de l’empereur d’Orient Héraclius sur les Perses sassanides, protagonistes d’une première invasion de la Terre Sainte qui échoua. Les choses ne se passèrent pas aussi bien pour l’Empire lors de la confrontation avec les cavaliers musulmans venus de la péninsule arabique.

1’30” – Tendre l’autre joue, c’est bien.

Urbain II : “Tendre l’autre joue, c’est bien.”
Il faut bien remettre les choses dans le contexte de l’Histoire de l’Eglise : en dehors de quelques bavures tel que le meurtre de la philosophe Hypatie d’Alexandrie en 415, les premiers temps du christianisme sont surtout marqués par une certaine forme de pacifisme (surtout à l’égard des jeux du cirque). Cherchant sans cesse à promouvoir la paix entre les diverses forces du monde chrétien, on voyait souvent à l’issue des batailles prêtres et moines venir utiliser le denier du culte pour racheter la liberté des vaincus capturés et leur éviter le servage. Si, avec les Carolingiens, l’Eglise se trouve en quelque sorte un bras aussi armé que dévoué, elle reste néanmoins institutionnellement bien distincte du monde guerrier. En utilitarisant la chevalerie pour rétablir le pèlerinage, la croisade est une première étape dans l’usage de la force pour l’Eglise, qui trouvera bientôt son summum avec la constitution d’ordres religieux militarisés comme celui des templiers.

1’39” – Pierre l’Ermite

Pierre l’Ermite exerçait une telle fascination sur les foules que certains allaient jusqu’à arracher quelques poils à son âne pour en faire des amulettes porte bonheur ! Etonnant orateur que ce grand voyageur qui souleva ainsi de telles foules. Les fermiers laissaient leurs outils à même les champs pour le suivre et se joindre à la foule (ce qui alla jusqu’à poser problème lors des récoltes qui ont suivi).
Le sous-titre est une référence au récit de voyage de Robert Louis Stevenson “Voyage avec un âne dans les Cévennes”.

2’01” – Lettre de Dieu

Non, ce n’est pas une blague : Pierre l’Ermite a bel et bien soutenu qu’il avait trouvé en Terre Sainte une lettre de Dieu ordonnant aux Chrétiens de venir en aide à leurs frères orientaux. On en cherche encore la trace… 😉

3’13” – Personne ne nous appelle comme ça

Alexis Comnène : “Personne ne nous appelle comme ça.”
L’appellation “Empire Byzantin” est tardive. Elle n’apparaît qu’au XVIème siècle dans les écrits de l’historien allemand Hieronymus Wolf avant de définitivement s’installer au XIXème.

3’26” – Empire romain

Divisé une première fois en 285 par l’empereur Dioclétien, la séparation de l’Empire romain en deux blocs est définitive en 395 à la mort de Théodose.

3’46” – Empire romain d’Orient

L’animation de cette seconde carte de l’Empire romain d’Orient débute en 550, lorsque l’Empire d’Orient est à son apogée sous Justinien. Il a repoussé ses frontières jusqu’au détroit de Gibraltar, intégrant au passage la quasi-totalité de la péninsule italienne. Plus dure sera la chute dans les siècles suivants…

4’18” – Visuel “Massacre de la croisade populaire par les Hongrois”

Ce visuel s’intitule : “Massacre de la croisade populaire par les Hongrois”. C’est une miniature de Jean Colombe tirée des Passages d’Outremer de Sébastien Mamerot.

4’52” – Kiliç Arslan

Kiliç Arslan, sultan de Roum basé à Nicée, n’avait que 17 ans au moment où la croisade des gueux a débarqué sur son territoire ! Ceci dit il avait déjà 4 années d’expérience du combat…

5’23” – On les a tous butés

Sultan Kiliç Arslan : “On les a tous butés.”
Sur les milliers de pèlerins composant cette “croisade des gueux”, seuls 3000 échappèrent au massacre du camp de Civitot, en fuyant par la mer.

5’39” – On a raté leur meneur

Sultan Kiliç Arslan : “On a raté leur meneur.”
Pierre l’Ermite se trouvait à Constantinople quand les Turcs ont attaqué.

5’52” – J’attends des copains

Pierre l’Ermite : “J’attends des copains”.
Ce pauvre Pierre fit profil bas dans le coin en attendant les barons, puis il reprit le chemin de Jérusalem à leur côté, jusqu’à destination.

5’57” – … acheter un souvenir ou deux …

Pierre l’Ermite : “… acheter un souvenir ou deux…”
Pierre l’Ermite aurait, après avoir dirigé des cérémonies religieuses dans la Jérusalem reconquise, repris le chemin de l’Occident les bras chargés de reliques. Il aurait à son retour fondé une abbaye, marqué à vie par les horreurs auxquelles il avait assisté tout au long de ce dernier pèlerinage…

6’51” – Portraits comte de Vermandois et Raymond de Toulouse

Portrait de Hugues Ier le grand, comte de Vermandois et frère du roi de France Philippe Ier par Henri Decaisne (1799-1852). Le Portrait de Raymond de Toulouse est de Merry-Joseph Blondel (1781–1853).

8’06” – A Maara, on les a bouffés.

Baudouin Ier : “A Maara, on les a bouffés.”
Ce recours au cannibalisme est attesté à la fois par les historiens arabes et occidentaux. Ceci dit, selon toute vraisemblance, si de petits bouts de chairs furent bel et bien prélevés sur des cadavres selon les chroniqueurs de l’époque (Raoul de Caen ou encore Albert d’Aix), on est loin des récits d’horreurs qui circulèrent vite parmi les forces musulmanes et qui parlaient de centaines de corps mis à rôtir par les croisés. Tout cela semble selon les historiens avoir été avant tout une rumeur lancée par les Francs pour terroriser l’ennemi. D’autres cas de cannibalisme, côté musulman cette fois, ont d’ailleurs également pu être rapporté à d’autres occasions…

9’20” -… Par qui ? …

Calife Al Mustazhir : “Par qui ?”
Par la secte du vieil Hassan qui, depuis sa forteresse d’Alamut, combattait pour la foi chiite. Avec ses “Haschichins” (ou Ashishins ou encore Hashishins, plusieurs orthographes existent), des assassins prêt à mourir pour retrouver le paradis dont la secte donnait un avant-goût avec des femmes et du haschich, il a répandu la terreur chez tous ses ennemis, sunnites comme chrétiens.

9’30” – Haschichins

Toute ressemblance avec un personnage issu d’un divertissement populaire est totalement fortuite…

10’15” – … ils ont tracé tranquillement leur route …

”…(les croisés) ont tracé tranquillement leur route…”
Tranquillement c’est vite dit : en plus du long et dévastateur siège d’Antioche, les dangers étaient tels que sur les 7000 chevaliers qui prirent part à la première croisade, seuls 1500 parvinrent jusqu’à Jérusalem (les fantassins, pour leur part, d’environ 20 000 au départ, ne furent plus que 10 000 devant les murs de la ville sainte). Tous ne moururent pas en chemin, certains se contentèrent de faire demi-tour en cours de route.

10’22” – … Quand on est entré dans Jérusalem …

Lorsque les croisés ont atteint et pris Jérusalem, ce n’était plus les Turcs seldjoukides qui en étaient les maîtres mais les Chiites fatimides qui venaient tout juste de reprendre la ville. La différence fut probablement par trop subtile aux yeux des Francs, mais il fallait tout de même le signaler !

11’13” – Godefroy de Bouillon

Godefroy refusa, c’est bien connu, le titre de “roi” pour celui, plus pieux, d'”Advocatus Sancti Sepuchri”, “Avoué du Saint-Sépulcre” (qu’il obtint par élection)… Dans les faits c’était tout comme, mais ce fut un beau coup de com’…

11’19” – Il est mort après avoir mangé un citron

Baudouin Ier : “Il est mort (…) après avoir mangé un citron.”
Alors, là, les choses sont un peu compliquées… On ne sait pas exactement si Godefroy de Bouillon est mort de maladie ou d’empoisonnement. Il décède en 1100, au retour d’une expédition. Si l’on retient la thèse de l’empoisonnement, cela se serait fait selon les témoignages de l’époque après avoir consommé des mets offerts par l’émir de Césarée, notamment une “pomme de Cèdre”. Qu’est ce qu’une pomme de Cèdre ? Certaines sources ont pu parler de pomme de pin (immangeable) ou de pignons (un peu petit pour véhiculer du poison). Il s’agirait en fait du fruit d’un arbre appelé “Cédrat” ou “Citrus medica”. C’est tout simplement une sorte d’agrume (d’où la réduction à un simple citron par notre bon Baudouin). Notons au passage que le citron, venu d’Inde via le monde arabe, fut une des nombreuses (re)conquête culinaire faites par les occidentaux à l’occasion des croisades.

12’13” – Poème Calife Al Mustazhir

Calife Al Mustazhir : ” Lorsque j’ai tendu ma main pour dire adieu à ma bien aimée, l’ardeur de ma flamme a fait fondre la glace.”
Et bien oui, ce sont bien de véritables vers de Al Mustazhir (cités par Amin Maalouf dans “Les croisades vues par les Arabes”). On espère qu’il était meilleur en architecture…

12’23” – Baudouin portant un chech

Exagéré, Baudouin portant un chech ? Et pourtant il recevait ses visiteurs, dans son palais de Jérusalem, en burnous et assis en tailleur sur un grand tapis…

12’30” – … au contact des locaux …

Baudouin : “… au contact des locaux.”
Qui sont donc ces locaux dont parle Baudouin ? Certainement pas des Turcs qui ne furent que quelques milliers à venir prendre le contrôle militaire de ces régions. Pas vraiment non plus des Arabes, certes plus nombreux, mais tout aussi concentrés dans les couches militaires et dirigeantes. Une large partie de la population était à l’époque encore chrétienne (sous diverses appellations), et la culture ambiante, dans laquelle se sont fondus les arabes puis les turcs, essentiellement antique (par exemple, la cuisine qui aujourd’hui encore compose les “mezze” libanais est en fait d’origine arménienne). La médecine, le droit ou les pigeons voyageurs sont donc surtout ici des rappels de cette culture parfois devenue lointaine, parfois même perdue, par les royaumes francs ou anglo-saxons de l’ouest européen.

12’34” – … des hôpitaux ils appellent ça …

Baudouin : “Des hôpitaux ils appellent ça.”
Ils appelaient ces bâtiments des “bimaristans”, les premiers à n’être ni des “temples de la guérison” ni des lieux de culte où de charité mais des endroits entièrement dédiés à une médecine “laïque” en quelques sortes, avec une science proche du savoir gréco-romain, donc bien plus efficace que les soins qui étaient apportés à la même époque dans les dispensaires et “hôpitaux” européens.

13’02” – Aristote

Plus que par le contact avec les arabes côté Terre Sainte, c’est surtout par les grecs byzantins, et dans une moindre mesure l’émirat de Cordoue et l’Espagne andalouse que de nombreux textes antiques furent retrouvés.

13’19” – Urbain II

Urbain II mourut le 29 juillet 1099, soit quelques jours après le 15 du même mois, jour de la prise de Jérusalem. Il ne sut donc jamais comment se finit cette reconquête qu’il avait initiée…

 

Casting :

Urbain IIPhilippe Rigot
Pierre l’ErmiteFranck Migeon
Alexis ComnèneNicolas Planchais
Kiliç ArslanChristophe Carotenuto
Baudouin IerFrédéric Courraud
Al-MustazhirMohamed Bounouara
Fille du harem #1Juliette Galoisy
Fille du harem #2Andréa Massamba
HaschichinSébastien Saillant